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Chronique RDV avec Vous : Histoire de la Mode: La Mini Jupe

Chronique RDV avec Vous : Histoire de la Mode: La Mini Jupe

Et si l’évolution de la longueur de nos jupes, était le témoin de notre société en mouvement vers la conquête des droits à exister librement et souverainement pour les femmes ?

Le rôle du « père la pudeur », s’est exercé durant des siècles, à définir au travers du vestiaire féminin, des codes qui inscrivaient la femme dans un contexte de moralité et de bien séance. Se couvrir, dissimuler une majorité de peau ou s’entraver dans des jupons, des robes et des jupes longues, était l’usage prescrit pour des femmes qui devaient se maintenir dans un rôle majoritairement d’épouse et de mère. Durant la première guerre mondiale les femmes ont remplacé les hommes, enrôlés dans l'armée en occupant leurs emplois laissés vacants. Cela a bouleversé le paysage social et économique et initié une évolution notable des mœurs, qui ont permises de contribuer à des modifications progressives des vêtements féminins. Dès la fin de la guerre, la Mode devient la vitrine d’une société en mouvement vers la conquête d’une autonomie féminine. Des couturiers avant-gardistes comme Coco Chanel ou Paul Poiret, suppriment les corsets, simplifient les silhouettes et raccourcissent les robes et les jupes. Les années Folles, période d’euphorie, installent de nouvelles valeurs où mêmes les codes du vestiaire masculin s’emploient dans la revisite des vêtements proposés aux élégantes « garçonnes ». La seconde guerre mondiale, ralentit l’expansion de la Mode, qui doit adapter tout sa créativité au rythme des contraintes restrictives de matériaux essentiels comme les tissus. Les couturiers célèbres en faillite, laissent libre cours aux femmes, qui réinventent leur Mode faite d’ingéniosité et de recyclage. Cette Mode devient le reflet d’une élégance féminine, adaptée aux exigences dictées par les pénuries de moyens et où les jupes et robes adoptent la longueur sous les genoux.  

A la libération, avec la fin des restrictions, une nouvelle décennie s’ouvre laissant la place belle à une abondance de tissus de qualité. La coupe des jupes et bas de robes se fait évasée, la taille se marque de nouveau de manière affirmée. La femme est célébrée dans une féminité audacieuse où ses formes sont distinguées et galbées et l’accent mis sur une poitrine altière soulignée par une taille cintrée. Le courant « New Look » est né et Christian Dior impose une nouvelle silhouette au travers de sa collection Corolle. Idée d’une femme féminissime mais sûrement revenue à un rôle cantonné dans la beauté et non plus dans une volonté d’indépendance et de conquête de droits plus égalitaires.                                                           

Les années 60 s’annoncent comme la décennie de toutes les audaces vestimentaires, au service des femmes qui revendiquent une vraie place légitime au sein de la société française, où elles actent de conquêtes sur les plans du travail, de la politique et de leur liberté sexuelle. La Mode se démocratise développant le prêt-à-porter, pour s’adresser au plus grand nombre. Elle bouscule de manière radicale, les bases édictées par les grands couturiers de l’après guerre, en explorant et en imposant de nouvelles normes. Les coupes et les volumes des vêtements se modifient les robes se font “Trapèze” et leurs longueurs se raccourcissent, soutenues par la popularisation du port des collants. Les couleurs des tissus dont le PVC et le vinyle sont acidulées, tels l’orange pop et le blanc « futuriste » et les motifs pois et rayures s’imposent dans leur géométrie répétitive. Dans cette explosion des codes qui régissent la Mode et les bonnes mœurs, la pièce iconique, signature de cette période révolutionnaire, sera incontestablement la minijupe. C’est en Angleterres que la couturière, Mary Quant, va imposer cette jupe très courte, qui fera scandale et dont elle dira avec provocation « Le bon goût est mort, la vulgarité c’est tout ce qui compte ». D’autres couturiers dont André Courrèges, proposeront leur version de la mini jupe, beaucoup moins subversive car la longueur en sera définie « une main au-dessus du genou ». Les stars des sixties, comme Catherine Deneuve, Brigitte Bardot, Françoise Hardy ou Twiggy aideront à populariser la mini jupe, qui deviendra le symbole actif et militant de la conquête des droits des femmes.

Ce n’est pas un poncif, que de dire que la Mode reste un moyen d’expression visible et revendicatif pour faire évoluer la société et les droits des femmes. Pour mémoire des conquêtes qui ont été obtenues et soutenues par l’expression d’une Mode militante ; en 1965 une femme mariée peut exercer une profession et ouvrir un compte bancaire, sans l'autorisation du mari et elle peut disposer librement de ses biens propres, le 28 décembre 1967 la contraception est autorisée par la loi Neuwirth.                                                                         Oui, la longueur de nos jupes, est bien le témoin de notre société en mouvement, vers la conquête de nos droits à exister librement et souverainement. 

Cécile Lamour

 

 

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